DEFINITION
L’appontage consiste à suivre une trajectoire déterminée coupant la piste oblique d’un porte-avions sur son axe médian et en un point donné. La pente de cette trajectoire est adaptée aux performances de l’avion et aux limitations mécaniques de l'avion et du porte-avions.
PROBLEMATIQUE
Ce qu’il faut faire :
Maintenir l’avion et donc sa crosse sur un plan de descente et sur l’axe médian de la piste oblique. La précision de l’impact s’obtient en supprimant toute technique d’arrondi.
Les contraintes :
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hauteur de passage minimum sur l’arrière du bateau qui permette de pallier les mouvements de tangage du bâtiment,
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taux de descente maximum admissible (vitesse verticale) dû aux limitations mécaniques de l’avion,
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vitesse maximale de prise de brin (vitesse horizontale) en raison des limitations mécaniques avions et des brins du porte-avions,
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vitesse minimum de pilotage afin de conserver le contrôle et la bonne pilotabilité de l’avion,
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masse maximale de l’avion (compromis pétrole/armement restant) pour respecter les limitations mécaniques liées à la violence de l’impact.
La solution :
Choix d’un plan de descente fonction des performances des avions et du porte-avions. Compris entre 3,5° et 4°, cette pente permet de respecter les contraintes listées ci-dessus avec une légère marge de manœuvre.
TECHNIQUE
En exerçant un contrôle serré des éléments de vol de son aéronef, le pilote va suivre la pente déterminée en maintenant son aéronef sur l’axe. De la sorte, il conservera :
De jour, c’est à l’issue d’un circuit à vue permettant la mise en configuration de l’avion et la présentation dans les meilleures conditions pour la finale (groove) que le pilote applique la technique.
De nuit ou par mauvaises conditions météorologiques, un guidage radar amène le pilote directement dans l’axe. L’ultime phase (groove) s’effectuant à vue.
LE MIROIR D’APPONTAGE
Le miroir d’appontage, situé sur bâbord de la piste oblique, a pour rôle principal de matérialiser le plan oblique devant être suivi par le pilote. Son rôle secondaire est de transmettre visuellement des ordres de pilotage.
LES DIFFICULTES
Poser un aéronef de 14T volant à 220 km /h sur une surface mouvante grande comme un terrain de tennis, sujette à l’état de la mer (principalement le tangage) et aux conditions de vent (aérologie particulière en raison de l’îlot et du volume du PA).
Les marges de manœuvre sont étroites. Que ce soit par rapport :
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aux limitations mécaniques des avions,
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aux conditions de vent sur le pont,
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à l’état de la mer et donc aux mouvements induits sur la plateforme,
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à la proximité de la vitesse de décrochage,
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aux faibles existants carburant au retour de mission,
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à la faiblesse du référentiel visuel, notamment de nuit.
La cadence à l’appontage (45 secondes à 1 minute entre chaque avion) et l’issue positive (accrochage d’un brin) s’impose pour minimiser le temps de faible manœuvrabilité du PA. Cette cadence s’obtient par une grande maîtrise de la technique d’appontage et donc par la quantité et le niveau d’entraînement.
La précision requise et la multitude de paramètres à contrôler imposent chez nos pilotes une technicité de haut niveau, une division d’attention élevée et une grande faculté de concentration.
Pour un jeune pilote, ces impératifs représentent un objectif ambitieux donc anxiogène. C’est l’entraînement et la confiance réciproque développé avec l’Officier d’Appontage, chargé de son entraînement, qui lui permettra de surmonter les difficultés et d’obtenir sa qualification. Il concrétise à cette occasion un vœux cher : être consacré pilote de chasse embarquée.
METHODE D’ENTRAINEMENT : ASSP
L’exécution d’Appontages Simulés Sur Piste (ASSP) est indispensable avant tout appontage, que ce soit pour une qualification ou à l’occasion d’une reprise d’activité à bord. Le volume de séances (1 séance = 7 finales par pilotes) est fonction de la qualification du pilote, du délai écoulé depuis le dernier appontage et de la qualité des présentations.
Ces vols consacrés à l’ASSP représentent un volume de quelques séances lorsqu’il s’agit de réentraîner des pilotes confirmés de jour et de nuit. Pour de jeunes pilotes en qualification, la quantité de séances est largement significative (environ 15). La répétition et la qualité de leur travail sont seuls garants de la réalisation en toute sécurité des appontages sur le porte-avions.